Les bénéfices concrets

Ce que l’on peut espérer.

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Nous pensons qu’il est intéressant et légitime de poser les questions qui suivent dans un contexte global, hors des silos disciplinaires : c’est une manière de convoquer le réel. Il faut bien voir que de nouveaux programmes informatiques s’agrègent continument autour des programmes dits d’IA. De la sorte, il n’est pas très intéressant de faire comme s’il s’agissait d’outils globalement bornés et autonomes.

Conditions d’obtention d’un bénéfice dans la vraie vie : quelques questions à se poser

Le monde étant ce qu’il est, il faut pour être certain d’obtenir un bénéfice effectif grâce à l’IA, compter sur la chance, ou faire l’effort de rassembler un certain nombre de conditions. 

Voici quelques questions que l’on peut se poser à ce sujet : Les dépendances sont-elles connues ? Contrôlables ? Dans quels cas un programme informatique peut-il se réparer tout seul ? Y aura-t-il des ordinateurs allumés? Devrons-nous alors en payer la facture électrique? Si non, qui devra le faire ? Le déclenchement d’une guerre bouleversera-t-il le prix de l’électricité ? L’énergie nécessaire sera-t-elle obtenue à partir d’une production électrique continue ? Une épidémie surviendra-t-elle, neutralisant une partie des ressources humaines nécessaires à la réparation récurrente des logiciels ?

Plus généralement : quelles sont les contreparties du bénéfice attendu ? C'est-à-dire : la transformation du monde souhaitée s’accompagne-t-elle nécessairement d’une dégradation visible ou invisible peu souhaitable ?

Exemples de bénéfices réellement obtenus

Pour ce qui va suivre, nous renvoyons au paragraphe précédent : nous bénéficierons [1] tous de ce qui suit (et nous en avons déjà bénéficié), lorsque rien de réel ne l’empêche. (Pour y insister : nous ne sommes pas dans la situation où l’on plante une graine, arrose un peu, et espère raisonnablement manger un jour un fruit). Rien de magique ne se produira à notre connaissance dans les ordinateurs. Il faudra aller chercher “avec les dents” les bonnes nouvelles correspondantes.

  • Médecine (amélioration des diagnostic sur imagerie médicale, comme Milvue) ;

  • Biologie (AlphaFold et sa base de données sur les protéines humaines) ;

  • Science des matériaux (M3GNet et sa bdd sur les matériaux) ;

  • Météorologie (compilation pour créer des modèles afin de prédire certains évènements  : tornades, cyclones & onde de tempêtes…) ;

  • Climatologie (analyse de données pour créer des projections) ;

  • Militaire (drone ou missiles leurres permettant l’interception défensive ou offensive) ;

  • Archéologie (possibilité de traduction rapide de centaines de milliers de tablettes mésopotamiennes cunéiformes encore non traduites et stockées depuis longtemps dans des musées afin de bien mieux connaître l’histoire antique) ;

  • Les "assistants personnels" type Alexa, Google, Siri… (facilitation de certaines tâches individuelles) ;

  • Assistance à la conduite, auxiliaires et/ou pilotes automatique (éviter des accidents, faciliter la vie des personnes à mobilité réduite) ;

  • On peut penser que l’automatisation du travail renforcera par effet une revalorisation des sciences “molles” et des activités manuelles non automatisables.

[1] Encore que ce soit question de point de vue. La fabircation d'un meilleur missile militaire est certes un bénéfice pour celui qui l'utilise, mais un maléfice pour celui qui le subit.

Comment tirer le meilleur parti de l'IA ?

C’est une question très difficile, et nous serions désolés de formuler des propositions très velléitaires. 

La première chose à dire, c’est que ce ne peut être que par un effort collectif, convivial et contributif. Ensuite, il faut bien voir que ce n’est qu’en pratique, de manière circonstancielle, que l’on verra des améliorations. Toutes les propositions sous le postulat des ressources illimitées (voir nos remarques à ce sujet) paraissent dérisoire. Cependant, on peut ouvrir quelques pistes.

  • Partager démocratiquement l'information à propos des technologies émergentes, soit : se mettre à véritablement en délibérer collectivement. (ce qui n’a clairement pas démarré à l’échelle, ou pas sur des bases solides, ce qui est une motivation de ce travail)
  • Éduquer les jeunes et les adultes à tirer le meilleur parti des apports de l’IA ; il faut toutefois dire que son usage déclenche des transformations collectives aveugles et non maîtrisées en principe. C’est donc autour de cette question des transformations aveugles, que l’accent devrait être mis.
  • Refuser individuellement, collectivement ou légalement certaines utilisations possibles de l'IA dont les effets délétères seraient envisagés comme dépassant les avantages (en particulier des IA concernant les personnes plus vulnérables, les personnes dépendantes et les enfants).

Vous n'êtes pas d'accord ? Vous voulez participer ? Vous avez une objection ? Une question ? Contribuez !