Nous avons déjà expliqué au chapitre des transformations de l’IA, que ces programmes induisent leurs propres changements de paramètres, poids de vecteurs et variables dans la limite de contraintes calculatoires. Nous nous intéressons ici à une réécriture plus fondamentale, non pas seulement une optimisation du calcul, mais une réécriture des fonctions déclaratives et impératives, pouvant aller jusqu’à un changement des fonctionnalités logicielles.
Il faut bien voir que dans une large mesure, le code informatique existant est déjà en grande partie hors de contrôle. Non pas qu’il cherche à échapper au programmeur, mais parce qu’il procède de décennies de “sédimentation” de milliards de lignes de code empilées, organisées dans des programmes et logiciels intriqués et pour ne rien arranger, dont certains sont en constante évolution pour des raisons techniques ou commerciales. La question immédiate nous paraît être bien davantage cette dette technologique logicielle, que la question de l’IA qui s’échapperait de sa cage. Voilà le vrai marché émergent, et en forte croissance, de l’informatique : le maintien du système d’information mondiale dans des proportions et une organisation soutenables!
Pourtant, la question se pose, puisque l’on sait que les moteurs génératifs produisent, à partir d’une commande opportune (prompt) du code exécutable. On peut alors tout à fait imaginer que cette partie de prompting en langage naturel soit elle-même générée par IA, c’est-à-dire qu’elle serait, dans un contexte donné, la commande la plus probable au vu d’un corpus, déclenchant une nouvelle production. De cette manière, l’IA pourrait se mettre à écrire de manière spontanée du nouveau code logiciel.
La question est donc de savoir dans quelle mesure l’IA peut transfigurer son architecture interne, à tel point que l’on ne reconnaisse plus le système d’information après cette opération. Nous voulons insister que cette menace est déjà largement réalisée : les transformations des systèmes d’informations sont déjà largement subies. (mises à jour de sécurité, montées de version etc.) Les organisations n’ont souvent pas le système d’information idéal qu’elles voudraient avoir.