Les cellules nerveuses font ensuite synapse avec les neurones et l'influx nerveux devient un influx neuronal.
De manière automatique et inconsciente, le cerveau commence par analyser ces informations pour déterminer la localisation du son. Est-il devant, derrière, à droite, à gauche et surtout, est-il proche ou lointain. Cette première analyse permet de déterminer si la situation est amicale, hostile ou sans intérêt, c'est une question de survie de l'espèce qui se joue là.
De même, le son est automatiquement mémorisé. Des expériences pratiquées sur des personnes en phase de sommeil profond durant laquelle un expérimentateur murmure une phrase à leur oreille montrent que, bien que le dormeur n'ait à son réveil aucun souvenir de cet événement, il est possible sous hypnose de lui faire prononcer la phrase alors même qu'elle est dans une langue qu'il ne parle pas.
Et, lorsque nous sommes éveillés, la perception sonore est combinée aux autres modalités de perception (vue, odorat, toucher, goût) et déclenche des réactions inconscientes comme la modification de la respiration, du rythme cardiaque et la production d'hormones, bref des émotions. Tout ceci nous conduit à préparer la réponse qui nous semble appropriée : une voix m'interpelle dans mon dos, vais-je me retourner, sourire et tendre la main ou faire comme si je n'avais pas entendu et continuer mon chemin ?
Avez-vous déjà essayé d'enregistrer un repas ? Moi oui, quand j'avais neuf ans. À l'écoute de l'enregistrement, il apparaît sans l'ombre d'un doute que l'élément dominant en termes de volume sonore est le bruit des couverts. Pourtant, on ne le remarque pas parce que notre cerveau est assez puissant pour le filtrer presque totalement et focaliser notre perception là où nous portons notre attention, selon le degré de notre affection, notre intérêt ou notre mépris.
C'est ainsi que pour chaque son perçu, c'est l'ensemble de notre personnalité qui entre en jeu pour fabriquer une représentation du monde qui nous est absolument personnelle. Notre memoire individuelle, transgénérationnelle et collective, notre culture, nos préjugés, nos croyances et convictions, tout.
Mais nous n'avons en fait absolument aucune idée du monde qui nous entoure. C'est notre cerveau qui construit des représentations à partir des données que nos capteurs perçoivent. De toute notre vie, nous n'expérimenterons jamais rien d'autre que notre propre système nerveux. Et nos perceptions sont incommunicables par nature, nous ne pouvons que les évoquer. Ces tentatives de restitution prennent parfois une forme que l'on appelle communément de l'art.